Comment expliquer à ton partenaire ce que tu fais : une conversation honnête sur l'escort, sans panique ni excuses
Laisse disparaître pendant un instant tous les likes, bouquets, reçus, tenues, titres et scandales. Il ne reste que toi — et la personne en face. Il (ou elle) te regarde dans les yeux. Une question flotte dans l’air, même si elle n’est pas prononcée : « Qu’est-ce que tu fais vraiment dans la vie ? »
Et voilà, tu es au bord du précipice. Pas professionnel, ni moral, mais le plus personnel — émotionnel. Dire ou ne pas dire ? Avouer ? Se taire ? Dissimuler ? Ou peut-être tourner ça en plaisanterie, faire comme si c’était juste un « hobby intéressant » ?
Non, cette conversation n’est pas facile. Mais elle est possible — si tu parles non pas comme dans un interrogatoire, mais comme dans une confession, où tu ne demandes pas pardon, mais partages ta vérité.
Pourquoi c’est si compliqué ?
Parce que cette profession est taboue. Parce que tout le monde sait, mais personne n’en parle ouvertement. Parce que dans la tête des gens surgissent des images : soit du glamour de film, soit la saleté des magazines à scandales. Et entre ces deux mythes, il y a de vraies personnes. Comme toi.
Tu n’es pas juste un « service ». Tu es une personne. Avec ton histoire, tes choix, tes limites, ta douleur, ton expérience. Mais malheureusement, aux yeux de beaucoup, ta profession = ton comportement au lit. Et ton intimité devient un bien public dès que tu la nommes.
Raconter ça à ton partenaire, ce n’est donc pas juste dire « où tu travailles ». C’est lui ouvrir un espace que tu gardes habituellement fermé. Tout le monde n’est pas prêt. Tout le monde ne le mérite pas.
Avant de parler : trois questions à te poser
Avant de tout mettre à nu, assieds-toi et réponds sincèrement à ces trois questions simples mais importantes :
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Pourquoi veux-tu lui dire ?
Parce que tu en as marre de cacher ? Parce que tu veux être honnête ? Parce que tu as peur qu’il découvre par lui-même ? La réponse déterminera le ton. -
Es-tu sûre de ton choix ?
Si à l’intérieur tu ressens anxiété, culpabilité ou honte — il le sentira. Et il pourrait te le renvoyer. Mieux vaut clarifier ça avec toi-même d’abord, puis t’ouvrir à l’autre. -
As-tu confiance en cette personne ?
Tous les partenaires ne méritent pas la vérité. Parfois, tu veux être honnête, mais lui n’est pas la bonne personne à qui confier cette vulnérabilité.
Quand et comment commencer la conversation ?
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Pas à la va-vite.
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Pas en pleine dispute.
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Et surtout pas entre « qu’est-ce qu’on mange ce soir ? » et « demain je vais chez ma mère. »
Ce doit être un moment de silence. Un espace où tu peux dire :
« Je veux te parler de quelque chose d’important. Ce n’est pas une menace, ni une dispute, ni une déclaration d’amour... je veux juste être honnête avec toi. »
Si cette personne est importante pour toi, si la relation est proche — tu sentiras le bon moment.
Le principal : ne tarde pas trop, sinon la vérité sortira d’elle-même. Et si elle sort sans que ce soit toi qui la dises — ce n’est plus de l’honnêteté, c’est une crise.
La conversation en elle-même : ni excuses, ni mensonges
Tu es assise. Tu respires. Tu regardes dans les yeux. Et tu parles.
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Sans flatterie.
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Sans enjolivements.
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Sans honte.
« Je travaille dans un domaine qui suscite beaucoup d’émotions chez les gens. Je sais que tu peux le voir de différentes manières. Mais si je veux construire quelque chose de réel avec toi — je dois être honnête. Je fais de l’escort. »
Puis — pause. Ne te précipite pas pour expliquer, ne cherches pas à atténuer l’inconfort. Laisse-le digérer. S’il demande : « Qu’est-ce que ça veut dire ? » — réponds simplement. Ne donne pas ton planning, mais ne fuis pas non plus.
Explique tes limites. Dis ce que ça signifie pour toi. Ne te « justifie » pas, raconte. Ne dis pas « tu dois comprendre », mais plutôt « je veux que tu vois plus que l’étiquette. »
Les réactions peuvent être diverses
Et tu dois être prête.
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Il peut se taire.
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Il peut être triste.
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Il peut poser plein de questions dures.
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Il peut demander : « Tu dors avec eux ? »
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Il peut partir.
Tout cela ne remet pas en cause ta valeur. C’est lui, ses peurs, ses croyances, sa culture, sa morale, sa boussole intérieure. Ne prends pas tout personnellement. Ce n’est pas toi qui as détruit le conte. Tu as juste refusé de jouer un rôle qui ne te convient pas.
Et s’il accepte ?
Ça ne veut pas dire qu’il est un saint. Ça veut dire qu’il sait voir derrière l’étiquette la personne. Que tu comptes plus pour lui que ses idées sur ce qui est « correct ».
Mais même s’il accepte — il a aussi besoin de temps. Il peut être jaloux. Confus. Il peut demander que tu quittes la profession. Et là — le choix est à toi.
Tu n’es pas obligée d’abandonner ton travail pour le confort de quelqu’un. Mais si cette personne est importante — peut-être que toi-même tu voudras changer quelque chose. Pas parce qu’on t’y force, mais parce que tu ressens l’envie d’évoluer. Ce n’est plus un compromis, c’est un choix.
Et s’il n’accepte pas ?
Alors ce n’est pas ta personne. Ni ami, ni allié, ni partenaire.
Dur ? Oui. Brutal ? Oui. Mais vrai.
Tu n’as pas à te cacher toute ta vie. Tu n’as pas à « rééduquer » ton partenaire. Tu n’as pas à être actrice éternelle d’une pièce où ton vrai rôle est l’underground. Parce que s’il ne peut pas t’accepter aujourd’hui, quand tu t’es ouverte — il ne pourra pas non plus demain, quand tu iras mal.
L’amour sans acceptation est un contrat, pas un lien. Et dans un contrat, comme tu sais, il y a toujours des pénalités pour non-respect des conditions.
Que faire ensuite ?
Ne précipite rien. Même s’il dit « ça va », ça ne veut pas dire qu’il n’a pas une tornade de questions en tête.
Parlez. Beaucoup. Honnêtement. Directement. N’aie pas peur d’aborder les sujets difficiles.
Pose des limites : ce que tu es prête à discuter, ce que non. Où commence le « personnel » et où commence le « professionnel ».
Assure-toi qu’il te respecte. Pas qu’il te tolère. Pas qu’il « supporte pour l’instant ». Mais qu’il te respecte. Parce que sans respect — tout le reste est fragile.
Et surtout...
Tu as le droit d’être toi-même. Même si ta profession n’est pas pour les faibles. Même si elle fait grincer des dents. Même si quelqu’un pense tout savoir de toi juste en entendant le mot « escort ».
Tu as droit à l’amour. À la relation. À l’acceptation. À l’honnêteté. Pas en échange du travail, ni « quand tu partiras », ni « si tu changes ».
Maintenant.
Tu n’as pas à prouver que tu es une bonne personne. Tu dois juste te rappeler que tu mérites quelqu’un qui te regarde dans les yeux et dit :
« Je ne comprends pas tout. Mais je t’écoute. Et je suis avec toi. »
C’est par là que tout devrait commencer.
